François Magendie (1784-1855), l'un des pionniers
de la physiologie expérimentale en France, fut le
premier à mettre en évidence le rôle des racines
rachidiennes. Un extrait de son journal, publié en 1822,
relate ses premières expérimentations chez le
Chien.
« Depuis longtemps, je désirais faire une expérience
dans laquelle je couperais sur un animal les racines
postérieures des nerfs qui naissent de la moelle
épinière (...) J'eus alors sous les yeux les racines
postérieures des paires lombaires et sacrées et,
en les soulevant successivement avec les lames de
petits ciseaux, je pus les couper d'un côté, la
moelle restant intacte. J'ignorais quel serait le résultat de
cette tentative (...) et j'observais l'animal ; je
crus d'abord le membre correspondant aux nerfs coupés
entièrement paralysé ; il était insensible aux
piqûres et aux pressions les plus fortes ; il me paraissait
immobile, mais bientôt, à ma grande surprise, je
le vis se mouvoir d'une manière très apparente, bien que
la sensibilité y fut toujours tout à fait éteinte.
Une seconde, une troisième expérience me donnèrent
exactement le même résultat (...) Il se présentait
naturellement à l'esprit de couper les racines antérieures
en laissant intactes les postérieures (...) Comme
dans les expériences précédentes, je ne fis la section
que d'un seul côté, afin d'avoir un terme de
comparaison. On conçoit avec quelle surprise je suivis les
effets de cette section. Ils ne furent point
douteux : le membre était complètement immobile et flasque
tandis qu'il conservait une sensibilité sans
équivoque. Enfin, pour ne rien négliger, j'ai coupé à la fois les
racines antérieures et postérieures : il y eut
perte absolue de sentiment et de mouvement. » |
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