La grotte
Cosquer offre une palette d'animaux terrestres d'une grande richesse.
L'identification de chaque représentation a demandé un travail
minutieux, une lecture délicate du message paléolithique effacé par le
temps, détruit par la nature et parfois déformé dès sa réalisation.
Sur les parois humides se côtoient chevaux, bisons et aurochs,
bouquetins et chamois, divers cervidés, un félin et des animaux
indéterminés. En tout, 142 animaux. Dans les
grottes ornées paléolithiques, les animaux marins sont très rarement
représentés. Dans la grotte Cosquer, ils constituent une part non
négligeable (11 %) de l'effectif total des figures. Pingouins, phoques,
poissons et divers signes pouvant évoquer des méduses ou des poulpes ont
été dessinés ou gravés dans la roche.
Sources
documentaires => direction scientifique : Jean Clottes et Jean Courtin ;
Photo : A. Chené, CCJ/CNRS |
Cheval pansu peint en noir
(salle basse de la zone ouest)
Avec 48
gravures ou peintures, le cheval est l'animal
le plus représenté dans la grotte.
Ce cheval noir, long de 68 cm, présente des contours simples ; les
pattes sont assez gauches, mais certains détails sont bien marqués,
tels que l'oeil, la ganache ou la crinière en hachures parallèles.
-18 500 ans |
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Cheval gravé
(sommet de
la faille aux bisons)
Ce cheval,
long de 45 cm, est gravé sur le même panneau qu'un chamois et une
biche. Les marques sont assez profondes et révèlent un tracé sûr. Le
cheval présente de bonnes proportions, une tête fine et un ventre
volumineux. Seules les pattes, gravées en Y, sont très grêles. Son
sexe est figuré par deux traits convergents, en V, comme le cheval
peint en noir du panneau des chevaux. Ce détail permet de conclure à
la contemporanéité des peintures et des gravures. Aucun moyen de
datation absolue ne permettant en effet de dater les gravures,
celles-ci sont situées chronologiquement par comparaison avec les
peintures au charbon qui, elles, font l'objet de datations directes.
datation impossible sur gravures
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Cerf peint en noir
(salle basse
de la zone ouest)
Découvert
sur un plafond bas de la zone ouest, ce cerf est peint en noir avec
précision : on distingue une oreille ainsi que l'andouiller d'oeil,
et ses bois sont bien sont vus de face alors que l'animal est de
profil sont bien ramifiés. Cette convention que l'abbé Breuil
appelait " perspective tordue ", se retrouve sur les bisons, les
bouquetins, les chamois, les aurochs. Elle est assez caractéristique
de l'art du Solutréen, ce qui s'accorde bien avec la chronologie de
la grotte Cosquer, phase 2.
Comme les autres animaux peints sur ce plafond, il est en partie
recouvert de cristallisations de calcite blanche, notamment sur
l'arrière-train.
-18 500 ans |
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Ce bison au
tracé simple présente des particularités intéressantes : avec ses
1m.20, il est l'un des plus grands animaux de la grotte ; de plus il
est représenté en entier et, ce qui est rare, sa tête est de trois
quart.
Seules ses pattes ne sont pas terminées. Quant à l'absence de
sabots, elle est caractéristique de tous les animaux de la grotte.
-18 500 ans |
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Petit
bouquetin gravé
associé à de nombreux raclages
(Sur la faille Est)
Ce petit
bouquetin au ventre croisillonné présente un corps massif et une
queue dessinée dans le prolongement de la ligne du dos, qui n'est
pas rattachée à l'arrière-train. La série de croisillons pourrait
symboliser le pelage. Au-dessus du bouquetin a été gravé un animal
que nous interprétons comme un phoque vu de dessus, barré d'un trait
qui pourrait symboliser un projectile.
datation impossible sur gravures |
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Pingouins
; 27 et 26 cm
C'est la
première fois que des pingouins sont figurés dans l'art quaternaire,
bien que des ossements de Grands Pingouins Alca Impennis
aient été signalés dans plusieurs habitats méditerranéens du
Paléolithique supérieur (Gibraltar, Italie du Sud, Golfe de Gènes).
Il s'agit probablement du "grand pingouin", encore très répandu dans
l'Atlantique nord au XIXe siècle, mais massacré par les marins et
les pêcheurs pour sa chair comestible.
-18 500 ans |
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Témoignage
émouvant de la vie des hommes du Paléolithique, plus d'une
cinquantaine de mains ont été découvertes dans la grotte. Elles ont
été dessinées aussi bien en négatif (pochoir) qu'en positif
(enduites de colorant et appliquées sur la roche). Elles sont toutes
situées dans la partie droite (est) de la grotte, semblant ainsi
jalonner un cheminement qui mène au grand puits, aujourd'hui noyé,
mais qui jadis constituait un gouffre obscur, profond de 24 mètres,
qui a dû effrayer les premiers visiteurs de la grotte, il y a 27.000
ans.
Série de
mains négatives sur fond noir
Ce massif
stalagmitique, situé près du grand puits noyé porte un groupe de
huit mains gauches. Ces mains, aux doigts raccourcis, ressortent sur
un fond de charbon de bois pulvérisé.
-27 000 ans |
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Mains
négatives à doigts incomplets
Le manque de
phalanges apparaissant sur les mains dessinées a suscité de
nombreuses interrogations. S'agit-il de témoignages de mutilations,
de sacrifices rituels , de maladies circulatoires ou de doigts gelés
?. Sur ces mains aux doigts incomplets, le pouce est toujours
intacts, ce qui élimine d'emblée l'hypothèse de gelures graves ayant
entraîné la nécrose des phalanges. Aucun squelette du Paléolithique
supérieur retrouvé à ce jour ne présente des mains aux phalanges
incomplètes.
L'hypothèse la plus probable serait alors que les mains étaient
dessinées avec les doigts repliés, signe de reconnaissance ou
langage codé, vraisemblablement lié à la chasse et à divers rites,
langage silencieux jadis utilisé par des peuples chasseurs tels les
Bushmen, ou les Aborigènes d'Australie.
-27 740 ans +/- 410 ans |
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